09/05/2021

Changer de paradigme?

 Changer de paradigme?

L’affaire des permis « bloqués » par la préfecture pose question sur le fonctionnement de nos collectivités.
Les eaux d’assainissement relèvent de la responsabilité conjointe des maires et de la communauté de communes. En 2017, l’état intervenait déjà face à l’inaction en notifiant une mise en demeure aux maires et à LTC, les incitant à établir un calendrier afin de réaliser les stations d’épurations indispensables à la situation dégradée, constatée et dénoncée depuis des décennies.

La question de l’épuration requiert l’intégration de nombreux paramètres de grande variabilité ce qui complique les études. Mais pourquoi en sommes-nous arrivés à ce blocage des permis, est- ce l’absence de volonté politique locale plutôt que la conséquence de difficultés techniques ou de défaut de financement qui justifie la décision ? Manifestement le choix des élus et des assemblées locales semble être de construire encore et toujours tout en éludant la question de l’augmentation exponentielle des rejets. Ces incohérences en matière d’environnement révèlent les ambitions limitées de nos élus dans leurs propositions face à des choix qui ont un impact immédiat sur la biodiversité et sur la qualité voire la salubrité des eaux de mer. Comment appréhender cette logique des faits qui consiste à ne pas comprendre comment respecter et préserver la continuité écologique depuis les bassins versants jusqu’à la mer ? Pour mémoire, différents acteurs, élus, associations, Etat se sont mobilisés avec succès depuis les années 80 dans la restauration de la qualité des eaux du fleuve Léguer. Dans le même temps, la question des besoins d’assainissement des communes littorales a été peu ou mal appréhendé par ces mêmes acteurs. Doit-on comprendre que désormais, le Léguer qui bénéficie d’une eau de qualité pourrait se jeter dans une mer plus ou moins polluée du fait de l’absence de stations rénovées et correctement dimensionnées sur le front de mer ?

C’est bien la reconquête de la diversité de la vie littorale, très largement malmenée depuis des décennies qui doit désormais s’opérer, et c’est une ambition politique qui doit enfin être clairement exprimée par les maires concernés.
Il serait vain d’envisager un développement touristique maîtrisé et durable sans résoudre ces questions communautaires liées à la santé publique.

On ne peut d’un côté vanter et « vendre » la destination touristique « rivière sauvage » et de l'autre interdire l’accès à des zones de l’estran plus où moins polluées, et ce, plusieurs fois dans l’année !
L’argent semble exister si l’on en juge par les projets envisagés ou en cours de réalisation à l’échelle du Trégor, ce qui nous ramène à la question du choix politique et de la gestion des priorités. Ainsi émergent sans di
fficulté des « usines à soucoupes flottantes », des ZI avec ronds- points agrémentés, des lotissements immobiliers où les maisons collées se partagent quelques mètres carrés, et bientôt, ponts et rocades plutôt que de traiter une question de protection et de santé publique commune et essentielle à tous les habitants du Trégor.

Ce qui nous ramène également à notre capacité d’électeurs à choisir des élus décidés à aborder la notion d’épuration comme il se doit et donc à s’y intéresser véritablement. Ils sont encore peu nombreux à le faire : le sujet est, il est vrai, peu alléchant, mais primordial pour tous !

François LUCE

Aucun commentaire: